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L'écrivain Public dépoussiéré

Le métier d’écrivain public, un vieux métier tout poussiéreux, voué à tomber dans l’oubli ?

Il évoque les temps anciens, lorsqu’une grande partie de la population était analphabète, que les gens avaient besoin de l’aide d’un « érudit » pour rédiger quelques courriers nécessaires et incontournables. Un temps où les travailleurs sociaux n’étaient pas nés, où tout le monde n’avait pas la chance d’aller à l’école. L’écrivain public avait sa place dans les villages et même les grandes villes, on savait qu’on pouvait s’adresser à lui en cas de besoin. Son rôle dans la société était bien identifié, même si son importance a varié au cours de l’histoire.

Les temps ont changé, certes. Le monde moderne a fait entrer dans le quotidien de la majorité les nouvelles technologies et la connaissance de la langue nécessaire à la rédaction des courriers usuels. Les besoins ne sont plus les mêmes, il existe des structures sociales et administratives pour accompagner ceux qui n’auraient pas les connaissances nécessaires pour écrire les courriers les plus courants. L’instruction est obligatoire pour tous.

Et pourtant, le besoin existe, et il est très varié : de l’immigrant qui ne maîtrise pas encore assez la langue française au psychologue qui préfère dédier son temps à recevoir ses patients qu’à rédiger des comptes-rendus, en passant par l’artisan qui n’a jamais aimé tenir un stylo… De celui qui rêve d’écrire l’histoire trépidante de sa famille mais ne sait pas par quel bout la prendre, à celle qui s’imagine une présence sur Internet pour sa petite entreprise mais n’y connaît rien en rédaction web.

Car si le niveau d’instruction a augmenté, les exigences de la société aussi. Sur le marché du travail, c’est la rigueur dans la rédaction d’une lettre de motivation et la clarté d’un CV qui feront la différence. Une lettre de contestation aux impôts se doit d’être respectueuse des règles de mise en forme pour avoir une chance d’aboutir. Un mémoire, un article qui ne prennent pas en compte les règles de typographie auront vite fait de dérouter leur lecteur.

Le besoin est donc bien réel, il suffit de voir les mille écrivains publics de France pour le constater. Mais ce besoin n’est pas encore assumé : demander de l’aide pour écrire alors qu’on a tous appris à le faire à l’école, ce n’est pas quelque chose de naturel.

C’est parce que le nouvel écrivain public est méconnu du grand public : pour faire corriger un mémoire de fin d’études, on va s’adresser à un correcteur. Pour rédiger son site internet, on va s’adresser à un rédacteur web. Pour écrire ses mémoires, à un biographe. Pour faire faire sa plaquette, à un spécialiste de la communication. Pour faire transcrire un courrier professionnel, à une secrétaire. On n’a pas le réflexe de chercher un écrivain public, parce qu’on ne sait pas (on ne sait plus) que ce métier existe. Et pourtant : correction, rédaction, transcription, respect de la grammaire, de la typographie et usage optimal de l’outil informatique, voilà le profil de l’écrivain public d’aujourd’hui. Il reste à l’écoute de son client, se met à sa place pour mieux le servir, mais il a élargi son champ d’action. Le terme de « public » prend tout son sens, puisqu’il s’adresse à toutes les franges de la population.

Comme l’écrivain public s’est laissé couvrir de poussière dans les trente dernières années, il va falloir un peu de temps pour le libérer de cette image vieillotte qui ne lui sied plus.

En cours de dépoussiérage, donc !

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